
En ces temps d’instabilité politique, le Parti socialiste (PS) se trouve face à la nécessité de faire preuve de courage en actant sa rupture définitive avec La France insoumise (LFI) au sein de l’alliance du Nouveau Front Populaire (NFP).
Depuis la dissolution de 2022, une tension se fait de plus en plus sentir entre les héritiers de la gauche républicaine, laïque et universaliste, fidèles à ses grandes figures telles que Jean Jaurès et Léon Blum, et certains courants plus radicaux, que je ne cesse de combattre, incarnés par LFI. Si le PS a fait un léger premier pas en ne censurant pas d’emblée le Gouvernement Bayrou – malgré les vitupérations de Jean-Luc Mélenchon –, il demeure essentiel qu’il rompe définitivement avec LFI.
Cette rupture, comme je vais vous le démontrer, s’impose pour plusieurs raisons, qu’il s’agisse de la proximité de LFI avec l’islamisme, de son incitation permanente à la violence et au chaos et de son antisémitisme décompléxé.
Revenons, d’abord, aux fondements de notre idéal républicain. La gauche républicaine a toujours défendu avec force la laïcité, ce pilier fondamental de notre société.
Or, force est de constater que LFI ne se cache plus et affiche ouvertement sa complicité avec l’idéologie islamiste, qui vise à subvertir la laïcité et l’égalité entre les sexes. L’islamisme, sous toutes ses formes, est incompatible avec la vision républicaine de la société, qui place la liberté individuelle et la dignité humaine au cœur de son projet.
En s’alliant avec un parti comme LFI, le PS renie les principes mêmes qui constituent le socle de notre République. Je rappelle d’ailleurs que LFI a déposé une proposition de loi visant à abroger le délit d’apologie du terrorisme, une mesure qui ouvrivrait grand la porte à la propagation de la rhétorique islamiste.
Je veux ensuite évoquer la stratégie de la violence et du chaos mise en place par LFI. La gauche républicaine, tout au long de son histoire, a toujours défendu l’idée que la politique devait être le lieu du débat, de la négociation et de la construction collective. Elle n’a jamais été, et ne doit jamais devenir, le terrain d’une confrontation brutale où l’on cherche à imposer ses idées par le recours à la violence, qu’elle soit verbale ou physique.
Depuis 2022, LFI adopte une stratégie fondée sur la bordélisation de la vie politique. Menaces dans l’hémicycle, appels à l’insurrection, déligitimation de nos institutions : tout cela va à l’encontre de ma conception de la politique mais aussi, je le sais, d’une grande partie de la gauche républicaine. Il n’y a pas de progrès dans la violence, il n’y a pas de progrès dans le chaos.
En refusant de rompre définitivement avec LFI, le PS laisse la gauche à la merci de forces extrémistes, lui qui a jadis été une force d’équilibre, mûe par un esprit de responsabilité.
Enfin, le dernier point, et non des moindres, est la dérive antisémite qui s’est progressivement installée au sein de LFI.
Depuis le 7 octobre 2023, la France connaît une forte recrudescence de l’antisémitisme. Les derniers chiffres sont éloquents : selon la ministre chargée de la lutte contre les discriminations, les faits d’antisémitisme ont augmenté de 192% au premier semestre 2024, et des chiffres équivalents sont attendus pour le second semestre de l’année écoulée.
Quinze mois après l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas en Israël – qui, je le rappelle, est l’attentat le plus meurtrier impliquant des victimes françaises depuis celui de Nice en 2016 –, une partie de la gauche peine à adopter une position claire et ferme face à l’antisémitisme. Cette ambiguïté jette un voile d’ombre sur les valeurs universelles dont la gauche se revendique.
Comme bon nombre d’entre vous, je suis interloquée par la passivité du PS sur la question de l’antisémitisme. Ses condamnations, timides et hésitantes, des positions antisémites de LFI traduisent un manque de courage politique.
L’antisémitisme de LFI devrait aujourd’hui être un motif de rupture immédiat et définitif du PS avec l’alliance du NFP. Le PS perd jour après jour toute crédibilité en maintenant son alliance avec un parti qui a fait de l’antisémitisme son cheval de bataille pour conquérir un vote communautaire.
Cette alliance des contraires désoriente légitimement une grande partie des électeurs de gauche, incapables de s’identifier à un PS emprisonné dans une logique d’intérêts électoralistes.
À titre personnel, j’ai pu mesurer la domination idéologique de LFI sur une partie des élus socialistes lors du dépôt de ma proposition de loi visant à lutter contre les formes renouvelées de l’antisémitisme. J’ai été sidérée, en effet, de constater que des députés socialistes refusaient de signer ma proposition de loi par crainte de représailles des militants et dirigeants de LFI, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la perspective du renouvellement de leur investiture en cas de nouvelles élections législatives. Je note par ailleurs que Jean-Luc Mélenchon a encore récemment utilisé le même procédé en déclarant vouloir mettre des options sur les circonscriptions des députés du PS qui ne voteraient pas la censure du Gouvernement Bayrou.
Le PS doit se ressaisir et ne pas sacrifier ses valeurs historiques sur l’autel du clientélisme électoral, lui qui a autrefois eu une position claire face à l’antisémitisme, que ce soit durant l’affaire Dreyfus ou pendant la Résistance.
J’en appelle au sursaut de cette gauche républicaine, laïque et universaliste, afin qu’elle reste fidèle à son héritage.
